Créer un personnage : entre narration et visuel (Lucas Roselys)
- L'Auteur

- 20 juin
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct.

Créer un personnage est un travail de longue haleine. C’est une tâche exigeante, bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Derrière chaque figure marquante d’un roman se cachent des heures de réflexion, d’expérimentations et d’ajustements parfois invisibles aux yeux du lecteur. L’écriture ne consiste pas simplement à coucher une idée sur une page blanche, puis à la publier aussitôt. Il s’agit de donner vie à des êtres de papier capables de susciter l’émotion, la tension, voire la fascination ou le rejet.
Il existe de nombreux outils en ligne pour guider les auteurs dans la création de personnages. Ces ressources rappellent les fondements essentiels : leur rôle dans l’histoire, leur personnalité, leur passé, leur apparence, leur manière de parler, leur crédibilité morale et psychologique, ainsi que leur évolution au fil du récit.
Mais un bon personnage ne se contente pas d’obéir à l’auteur. Il agit selon une logique propre. Une narration fluide et cohérente permet au lecteur de comprendre ses motivations, de percevoir ses émotions, et de suivre son parcours avec intérêt. C’est là tout l’enjeu d’un récit fort : suivre l’évolution d’individus confrontés à un monde en tension.
Tous les personnages n’occupent pas la même place dans une histoire. Il y a les figures principales, porteuses de la trame narrative, mais aussi les personnages secondaires, qui renforcent ou nuancent le récit. Je n’emploie que rarement le terme de « héros », car il suppose une perfection que je rejette. Un bon protagoniste est, avant tout, profondément humain — donc imparfait, parfois contradictoire, toujours conscient de ses limites.
Il existe également des figures plus discrètes, que j’appelle les personnages « gris ». Ni alliés, ni ennemis, ils croisent la route des protagonistes, influencent leur destinée sans jamais prendre le devant de la scène. Et bien sûr, il y a les anti-héros. Ambigus, troublants, ils bousculent les repères du lecteur. Le « méchant », quant à lui, est rarement un simple obstacle : sa force vient souvent d’une motivation profonde, d’un passé tortueux et de choix déviants, permettant de justifier la folie de leurs actes.
Dans mon travail, notamment dans le tome 1 de BMRA, j’ai fait le choix de supprimer plusieurs personnages secondaires. Certains étaient intéressants sur le plan narratif, mais leur présence alourdissait un récit déjà dense. Élaguer, parfois, c’est clarifier. Et renforcer ce qui compte.
Le personnage par l’image
La construction d’un personnage ne s’arrête pas au texte. Pour moi — comme pour beaucoup d’auteurs — l’aspect visuel joue un rôle crucial. Il ne s’agit pas seulement de décrire un visage ou une tenue, mais d’incarner une présence. Donner corps à une idée. Approfondir un ressenti.
Depuis près de quatre ans, j’ai vu mes personnages changer de visage. Les outils génératifs et l’intelligence artificielle m’ont permis d’évoluer : de visuels libres de droits souvent rudimentaires, j’ai peu à peu basculé vers un style plus design, jusqu’à atteindre aujourd’hui une esthétique plus réaliste, presque cinématographique. Ces images m'aident à affiner le caractère, la psychologie et la profondeur de plusieurs personnages..
En effet, un personnage ne se limite pas à son visage. Pourtant, un regard, une posture, une cicatrice peuvent suffire à renforcer une scène, intensifier un dialogue ou évoquer un passé. Le visuel devient alors un prolongement du récit, une passerelle invisible entre texte et perception.
L’exemple de Lucas Roselys (adulte)
Lucas, l’un de mes personnages centraux, incarne parfaitement cette articulation entre texte et image. Son apparence a évolué à mesure que son histoire s’est précisée. De préadolescent à jeune adulte, son visage a changé. Chaque version reflète un moment-clé de sa vie, un état émotionnel, une étape intérieure.
J’ai souvent modifié le visage de Lucas, car je retrouvais difficilement cette expression précise, ce trouble silencieux. Ce mélange de beauté et de confusion qui le caractérise. Voici quelques extraits tirés du tome 1 : la BMRA de l'apparence physique de Lucas à l’âge adulte.
Dans le chapitre 2 :
[...] Lorsque l’hologramme apparut au centre de la table, Sidonie reconnut immédiatement le visage du jeune homme blond, ciselé comme le marbre des statues antiques. Celui qu’elle avait rencontré à NickroN Renaissance. Lucas, avec ses longs cheveux dorés et son regard imprégné d’une tristesse qu’il peinait à dissimuler, ressemblait à un ange déchu, un héritier qui avait choisi l’exil plutôt que la soumission.
Ce fut surtout le regard d’Hannah qui retint son attention : ses yeux brillaient d’une admiration à peine voilée, mêlée de surprise. Visiblement, elle ne s’attendait pas à voir un jeune homme aussi séduisant, et son expression trahissait sa curiosité naissante.
Dans le chapitre 6 :
Elle l’aperçut enfin un jeune homme aux cheveux courts coiffés de gel, marchant lentement, mains dans les poches. La cible était simplement vêtu d’un cardigan blanc épais et d’un jean délavé, sans sac ni accessoires. Malgré la fraicheur, seule une fine écharpe grise couvrait sa gorge. Sa situation précaire l'empêchait de se payer des vêtements chauds adéquats, ou de manger à sa faim. Il détestait qu’on éprouve de la pitié pour lui.
[…] Lucas pinça sa lèvre inférieure, hésitant. Finalement, dans un geste furtif, il l’embrassa rapidement sur les lèvres. Hannah, dans son rôle, en fut attendrie. Lucas, pudique, n’aimait pas l’affection en public, surtout parmi tant de monde.
- Quelle chaleur… soupira Lucas en déboutonnant deux boutons de son cardigan. Ethan contempla son torse imberbe avec délectation et imita son geste, exhibant le haut de ses pectoraux sculptés trempés de sueur.
Ethan saisit une paire de ciseaux et en pressa la lame froide contre sa joue. Lucas se crispa, terrifié à l’idée d’être tailladé. Ethan déboutonna lentement son cardigan blanc, découvrant son torse imberbe et bien dessiné. Sous l’effet de la peur, ses abdominaux se contractaient. [...]
Dans le chapitre 8, lorsque Sean Ludlow tient en joug Lucas :
Je parie qu'il fait tomber toutes les filles avec sa belle gueule, hein ? Elles sont toutes à toi, ces femelles ? Tu te crois irrésistible, mon salaud ? Je pourrais même t’obliger à participer, juste pour voir si t’es aussi performant que moi.
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Lucas possède un charme certain. Mais jamais il ne s’en sert pour flatter son égo. Il reste réservé, souvent incompris, hanté par des tourments que le lecteur découvre peu à peu. Sa condition de variant, son homosexualité, et le poids de son héritage familial contribuent à façonner un personnage complexe, sensible, en quête de sens et de confiance en lui.
Le Wiki du tome 1 le précise dans ces termes :
D'un point de vue créatif, Lucas Roselys est l'antithèse du héros standard attendu dans une aventure de science-fiction. Le personnage est conscient de sa propre faiblesse jusqu'à trouver la force et le courage d'agir lors de situations désespérées.
On peut noter plusieurs évolutions dans l’apparence physique de Lucas. Ses cheveux, d’abord longs lors de son séjour à NickroN Renaissance, sont peu à peu raccourcis. Ce changement marque une transition subtile : d’un adolescent au style plus désinvolte et décontracté, il glisse vers une version de lui-même plus affirmée, plus structurée, en lien avec les épreuves à venir.
Dans le bonus qui lui est consacré, Lucas reste encore un enfant de treize ans. Il termine une période d’enfance relativement paisible, sur le point d’entrer dans une phase plus houleuse de sa vie, marquée par la perte, la rupture et la prise de conscience.
J’ai accordé une attention particulière aux détails dans les versions finales de ses visuels. Chaque grain de beauté, notamment ceux situés sur le côté gauche de sa joue, a été ajouté avec soin, tout comme la constance de ses yeux bleu clair, identiques d’une image à l’autre. Ces éléments, aussi infimes soient-ils, renforcent l’unité visuelle du personnage et participent à sa cohérence narrative.

Conclusion :
Créer un personnage, c’est articuler un fond narratif solide à une forme visuelle crédible. C’est trouver l’équilibre entre fiction et réalisme, entre texte et image, entre imaginaire et émotion. Qu’il soit figure centrale ou simple silhouette, chaque personnage est une tension vivante : entre ce qu’on montre et ce qu’on tait.
Et c’est sans doute cette tension-là qui, au bout du compte, rend un personnage inoubliable.
- Fin de transmission holographique.
Créer un personnage : entre narration et visuel Lucas Roselys









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